L’Office national de la météorologie mauritanienne prévoit, dans son rapport annuel, pour les mois à venir au cours de l’hivernage prochain, des pluies saisonnières précoces en grande partie influencées par les conditions thermiques des différentes surfaces océaniques (Océan Pacifique Atlantique, Indien et de la Mer Méditerranée).
L’analyse des températures de surface de la mer (TSM) observées au niveau de ces bassins océaniques, leurs évolutions futures, les sorties des outils statiques et dynamiques et les projections des modèles climatiques des grands centres de la prévision montrent des conditions thermiques qui pourraient être très favorables à un début et à une fin de saison précoces.
Des pauses pluviométriques sont attendues au cours de la période juin-juillet et aout, des pauses pluviométriques prolongées (longues séquences sèches) sur une majeure partie de la bande agro-sylvo pastorale du pays; par contre, dans la seconde moitié de la saison des pluies (juillet-Aout et septembre), elles deviennent normales sur l’ensemble du pays.
Au cours de la période juin- juillet- août, des cumuls pluviométriques excédentaires à normaux (supérieurs ou équivalents à la moyenne de la période de référence 1991-2020) sont les plus probables sur le Sud-Ouest, (le Trarza, le Brakna, le Gorgol, le Guidimagha, l’extrême ouest du Tagant et de l’Assaba.
Cependant pour le reste du pays on attend des cumuls pluviométriques normaux à excédentaires (équivalents supérieurs à la moyenne de la période de référence 1991-2020), dans la zone qui couvre l’est de l’Assaba et du Tagant, les deux Hodhs, Tiris Zemour, l’Adrar, l’Inchiri, Nouakchott et Dakhlet Nouadhibou.
Pour la période juillet- Aout- septembre, des cumuls pluviométriques normaux à excédentaires (équivalents ou supérieurs à la moyenne des cumuls pour la période de référence 1991-2020) sont les plus probables sur l’extrême sud-est et le nord du Hodh Charghi, le Nord-Est du Tagant, sur l’Adrar, l’Inchiri, le Tiris-Zemour, Dakhlet Nouadhibou, Nouakchott et le Trarza; (zone 1) cependant, sur le reste du pays (Zone2) qui couvre le Sud-Ouest du Hodh Charghi, du Hodh El Gharbi, le sud et Sud-Ouest du Tagant, l’Assaba, le Guidimagha, le Gorgol et le Brakna, il est probablement attendu des cumuls pluviométriques normaux à déficitaires (équivalents ou inférieurs à la moyenne des cumuls pour la période de référence 1991-2020) .
Un suivi continu et des mises à jour régulières de l’évolution des indicateurs de la saison et des modèles climatiques seront effectués par les experts de l’ONM tout au long de la saison.
Vu que ces prévisions ne renseignent pas sur les phénomènes extrêmes qui peuvent survenir au cours de la saison, par conséquent, il est fortement recommandé d’apporter une attention aux bulletins et avis qui seront élaborés par les techniciens de l’ONM.
Compte tenu des tendances ci-dessus, il est fortement recommandé:
1) Face au risque d’inondation,
il est recommandé de renforcer la communication des prévisions saisonnières et de leurs mises à jour afin d’informer et sensibiliser les communautés sur les risques et prendre des dispositions pour éviter des désastres, en appuyant les efforts de la presse, des plateformes de réduction des risques de catastrophes, des ONG et des systèmes d’alertes précoce (SAP) ;
L’on doit aussi renforcer la veille et les capacités d’intervention des agences en charge du suivi des inondations, de la réduction des risques de catastrophes et des aides humanitaires ;
éviter l’occupation anarchique des zones inondables aussi bien par les habitations que par les cultures et les animaux ; renforcer les digues de protection et assurer la maintenance des barrages et des infrastructures routières ; curer les caniveaux pour faciliter l’évacuation des eaux de pluies ; suivre de près les seuils d’alerte dans les sites à haut risque d’inondation, notamment dans le bassin du fleuve Sénégal ;
2) Face au risque de maladies, les zones humides et celles inondées peuvent être favorables au développement des germes de maladies (Choléra, malaria, dengue, bilharziose, etc) et d’épizooties (fièvre de la vallée du Rift, etc.).
De même, les séquences sèches longues à moyennes attendues notamment dans certaines parties du pays (zone agro-sylvo-pastorale) pourraient occasionner une persistance de hautes températures et des vents de poussières favorables à la prolifération d’autres germes de maladies épidémiques.
A cet effet, il est recommandé de renforcer les capacités des systèmes nationaux de santé et des plateformes nationales de réduction de risques de catastrophes ; de sensibiliser et diffuser des informations d’alerte sur les maladies à germes climato-sensibles, en collaboration avec les services de météorologie et de santé ; assainir les agglomérations et éviter le contact avec les eaux contaminées, à travers des opérations de drainage et de curage des caniveaux ; vacciner les populations et les animaux ; renforcer la vigilance contre les maladies et les ravageurs des cultures (chénille légionnaire et autres insectes nuisibles).
3) Face au risque de sécheresse dans les zones où il est prévu d’observer des séquences sèches longues pouvant entrainer des déficits hydriques notamment dans certaines zones de la bande agro-sylvo-pastorale, il y a un fort risque que la croissance des cultures et des plantes fourragères soit affectée.
Pour y faire face, il est recommandé de diversifier les pratiques agricoles, à travers la promotion de l’irrigation et du maraîchage pour réduire le risque de baisse de production ; choisir les espèces et variétés de cultures tolérantes au déficit hydrique, dans les zones exposées ; adopter des techniques culturales de conservation des eaux et des sols ;
4) Recommandations pour mieux tirer profit de la saison des pluies
Au regard de la configuration de la saison des pluies 2023 présageant une situation globalement normale à humide sur la majeure partie du pays, il est recommandé aux agriculteurs, éleveurs, gestionnaires des ressources en eau, Projets, ONG et aux autorités de:
- valoriser les situations d’écoulements moyens à excédentaires, en développant des cultures irriguées notamment dans les plaines inondables du bassin du fleuve Sénégal ; investir davantage dans les cultures à hauts rendements tolérantes vis-à-vis des conditions humides (riz, canne à sucre, tubercules, etc.) ; mettre en place des dispositifs de collecte et de conservation des eaux de ruissellement pour des usages agricoles et domestiques en saison sèche ;
- soutenir le déploiement de techniques climato- intelligentes d’augmentation des rendements des cultures et des fourrages, face aux risques climatiques, notamment ceux liés aux excès d’eau de pluies et à la sècheresse ;
- renforcer les dispositifs d’information, d’encadrement et d’assistance agro-hydro-météorologiques des producteurs ;
La mise en œuvre scrupuleuse de ces recommandations pourrait contribuer à alléger les difficultés auxquelles les populations vulnérables font actuellement face.